Bonsoir Ă tous,
C'est la première fois que je me décide à poster sur ce forum, et je me lance à cet instant. L'exercice est difficile. C'est la première fois où je vais tenter de me confier sur un forum. Et je compte le faire avec le plus de justesse possible, en toute vérité.
Je suis inscrit depuis plusieurs jours, et j'ai parcouru de nombreux fils de discussion, lu les expériences diverses et variées de chacun d'entre vous. Avec le même dénominateur commun : l'alcool.
En parcourant les Ă©changes, j'ai vite compris que le livre "le dernier verre" Ă©tait un passage important pour comprendre, apprivoiser cette molĂ©cule dont on parle de plus en plus et prĂŞt Ă changer ma vie d’alcoolique avĂ©rĂ©.
Beaucoup d'entre vous décrivent avec tant de vérité leur expérience que j'avoue avoir été interpellé par la chaleur des membres et la solidarité partagée. Il y a beaucoup d'émotions qui se dégagent dans ce forum !
En écrivant ce premier sujet, il y a bien entendu la peur de me livrer, la peur de l'échec et la peur de l'inconnu. Mais il y a tout autant cette peur de voir ma vie défiler sans pouvoir la vivre autrement qu'au travers de l'alcool.
Je vous dois de me présenter à vous a minima :
J'ai 35 ans, je travaille depuis plusieurs années dans la même entreprise, et mon activité m'impose d'exercer des horaires variables, souvent décalés. Lorsque je suis entré dans cette "société", je ne consommais que très peu d'alcool (un verre par mois peut-être). Je n'aimais pas la sensation de lâcher prise que cela me procurait, ni n'appréciais particulièrement la substance. En revanche, j'ai toujours beaucoup fumé (2 paquets/jours de cigarettes).
J'ai toujours eu plusieurs alcools divers et variés à la maison pour pouvoir les offrir à mes invités. Jamais, ô non jamais !, n'aurais-je eu le désir de prendre un verre seul, pas davantage que je n'accompagnais pas systématiquement mes convives lors de l'apéritif.
Les choses ont bien évolué, défavorablement évolué comme vous pouvez l'imaginer...
Arrivé dans le monde du travail, je pouvais compter sur des amis fidèles que j'ai toujours eu, mais je ne connaissais personne dans la société dans laquelle j'allais évoluer. De manière de plus en plus progressive dans le temps, et de plus en plus rapprochée, j'ai accepté de rejoindre mes collègues en fin de service pour aller prendre un verre en discothèque. Nous finissions à 4 heures, la "boîte de nuit" fermait à 5 heures, pas de quoi traîner au bout de la nuit ni surconsommer. J'étais fidèle à mon coca-cola pour ne pas citer la marque.
Puis un soir, de manière aussi charmante que gentille, la serveuse m'a offert un gin-tonic "offert par la maison". J'ai plutĂ´t apprĂ©ciĂ© le goĂ»t, et j'en ai commandĂ© un second. J'ai dĂ©couvert la sensation que cela m'avait aidĂ© Ă vaincre ma timiditĂ©, Ă m'ouvrir aux autres, Ă amorcer le dialogue, Ă me lâcher. VoilĂ ma première approche avec l'alcool. Et j'ai rĂ©ussi Ă m’endormir rapidement, moi qui dĂ©couvrait les horaires de journĂ©e, de soirĂ©e et de nuit.
Au fil du temps, je prenais l'apĂ©ritif avec mes amis, chose que je ne faisais que très rarement. Puis j’agrĂ©mentais aussi le repas de vin. Puis j'ai acceptĂ© un digestif. Puis j'ai continuĂ©. Tranquillement, pas systĂ©matiquement, doucement mais inĂ©luctablement.
Est venu ensuite une période de séparation sentimentale que j'ai subie, que j'ai refusée et qui m'était malgré tout imposée (l'alcool n'ayant rien à voir puisque je restais raisonnable). Tout cet amour que je portais à l'autre depuis plusieurs années, tout ce que nous avions pu construire ensemble, tout s'est écroulé d'une manière brutale, soudaine. Je ne pouvais m'en relever tant cela me paraissait être un cauchemar qui allait prendre fin. Et le cauchemar a duré pendant deux années, soit une période de dépression intense. J'ai continué malgré tout à travailler en m'accrochant à ce qu'il me restait.
Dès le début de cette séparation sont apparues les peurs : de rentrer dans une maison vide, de se retrouver seul, du jugement des autres. Les insomnies, les larmes incessantes, les questionnements, le mal-être me dévoraient. Plus efficace que les anti-dépresseurs, ou les somnifères, j'ai découvert cette molécule Ho.
Elle avait ce pouvoir de me détendre, de me faire oublier une situation que je ne voulais pas accepter et de me faire dormir.
Pour en arriver aux mêmes effets bénéfiques, il m'a fallu augmenter les doses, toujours et encore. Au fil des jours, au fil des mois et toujours de manière très insidieuse.
Des maux de tête abominables, des "gueules de bois" au réveil, des vomissements en milieu de nuit, l'augmentation de ma consommation n'a cessé. Elle s'est ensuite un peu ralentie avec une psychothérapie menée après ma séparation mais n'a jamais cessé. Je continuais mon traitement ATD mais éprouvais quotidiennement un besoin de consommer de l'alcool.
Et tout au long de ces années décrites, j'ai sombré dans l'enfer du faux paradis terrestre. A ce jour, toute ma vie tourne autour de l'alcool. Ce fantôme est pourtant bien présent et envahit mon esprit. Sans cesse, je dois me préoccuper des réserves dont je dispose à la maison, continuellement je pense à ce moment où je pourrais tranquillement prendre le premier verre. Mais ce premier verre appelle tous les autres derrière jusqu'à l'ivresse, jusqu'au moment où je n'aurais d'autre choix que de rejoindre mon lit.
On aurait pu appeler cela le besoin impérieux de dormir coûte que coûte, mais ce besoin est de plus en plus présent, de plus en plus tôt dans la journée. Il me faut sans cesse jongler avec mes horaires de travail pour avoir le temps de me "refaire" avant d'aller travailler et de m'assoupir quelques heures. Parfois en arrivant en retard, parfois incapable de m'y rendre tout simplement. Le danger a pointé son nez à maintes reprises et la dernière chose que je voudrais est perdre mon travail. Malgré tout, cette consommation est plus forte que moi.
J'en parle depuis toujours avec mon médecin. Je suis allé voir un alcoologue. J'ai tenté plusieurs molécules dont les noms commerciaux sont : Xanax, Equanil, Révia, Rivotril, Tercian, etc. D'aucun n'ont pu m'aider à faire cesser ces pulsions de boire, cet appel à la bouteille, cette obsession, ces cravings dont on parle ici.
Je me sens découragé car je ne parviens pas à décrocher et à la lecture du livre d'Olivier Ameisen je comprends que le Baclofène peut m'aider et devenir un outil vers la guérison ou du moins l'abstinence ou la consommation raisonnable.
Je suis rendu Ă un point oĂą je passe mes jours de repos Ă m’enivrer, Ă tout remettre au lendemain, Ă ne plus avoir envie de bouger en week-end, de voir mes amis qui m'invitent. A manquer mes rendez-vous, Ă annuler les soirĂ©es de peur de ne pas pouvoir rentrer, ajourner mes engagements politiques ou associatifs. Je suis devenu l'ombre de moi mĂŞme et ma vie dĂ©file immanquablement. Je la regarde dĂ©filer au travers des verres, n'ayant plus aucune prise sur mes pulsions Ă boire, sur ces irrĂ©pressibles envies de consommer de l'alcool. A dĂ©faut d'ĂŞtre peu fier, j'ai honte !
Hormis boire, tout m'est devenu inintéressant ou pénible. Ceux qui ne connaissent pas réellement ma vraie consommation mettent cela sur le compte d'une dépression nerveuse latente ou avérée. Moi qui me connaît un peu davantage (je le crois du moins), je sais que mon manque de confiance et mon dégoût de tout est lié à ma consommation. Comme l'écrit Olivier Ameisen, passé le temps de l'euphorie, arrive celui de la dysphorie.
J'ai parlé à mon médecin du Baclofène, elle connaît vaguement l'effet prêté dans le traitement de l'alcoolisme sauf la lecture du lancement de nouveaux essais cliniques. Elle m'a dit que les résultats escomptés, s'ils étaient vérifiés, nécessitaient de toute façon des doses hors autorisation de mise sur le marché pour le moment. J'ai alors compris malgré ma demande qu'elle n'accèderait à ma demande que d'une manière défavorable en ce qui concerne une prescription hors AMM à haute dose (si nécessaire).
La semaine prochaine, je vais retourner la voir en lui parlant du livre, du forum, de vos expériences et en essayant de la convaincre de me le prescrire dans le cadre de l'AMM. Je suis conscient qu'il ne s'agit pas d'une molécule miracle à prendre à la légère, mais ayant essayé les autres molécules conventionnellement prescrits, c'est un essai que je ne saurais éviter de tenter. Son refus serait pour moi le refus de la dernière chance.
A ceux qui me liront, je les prie d'avance de m'excuser de m'être épanché sur ma situation devenue urgente. Je suis devenu l'ombre de moi-même !
Bonne nuit Ă vous tous qui dormez, moi je viens de rentrer du travail.
Olivier.
Message édité 9 fois, dernière édition par Addict', 03 Juin 2012, 18:46
C'est la première fois que je me décide à poster sur ce forum, et je me lance à cet instant. L'exercice est difficile. C'est la première fois où je vais tenter de me confier sur un forum. Et je compte le faire avec le plus de justesse possible, en toute vérité.
Je suis inscrit depuis plusieurs jours, et j'ai parcouru de nombreux fils de discussion, lu les expériences diverses et variées de chacun d'entre vous. Avec le même dénominateur commun : l'alcool.
En parcourant les Ă©changes, j'ai vite compris que le livre "le dernier verre" Ă©tait un passage important pour comprendre, apprivoiser cette molĂ©cule dont on parle de plus en plus et prĂŞt Ă changer ma vie d’alcoolique avĂ©rĂ©.
Beaucoup d'entre vous décrivent avec tant de vérité leur expérience que j'avoue avoir été interpellé par la chaleur des membres et la solidarité partagée. Il y a beaucoup d'émotions qui se dégagent dans ce forum !
En écrivant ce premier sujet, il y a bien entendu la peur de me livrer, la peur de l'échec et la peur de l'inconnu. Mais il y a tout autant cette peur de voir ma vie défiler sans pouvoir la vivre autrement qu'au travers de l'alcool.
Je vous dois de me présenter à vous a minima :
J'ai 35 ans, je travaille depuis plusieurs années dans la même entreprise, et mon activité m'impose d'exercer des horaires variables, souvent décalés. Lorsque je suis entré dans cette "société", je ne consommais que très peu d'alcool (un verre par mois peut-être). Je n'aimais pas la sensation de lâcher prise que cela me procurait, ni n'appréciais particulièrement la substance. En revanche, j'ai toujours beaucoup fumé (2 paquets/jours de cigarettes).
J'ai toujours eu plusieurs alcools divers et variés à la maison pour pouvoir les offrir à mes invités. Jamais, ô non jamais !, n'aurais-je eu le désir de prendre un verre seul, pas davantage que je n'accompagnais pas systématiquement mes convives lors de l'apéritif.
Les choses ont bien évolué, défavorablement évolué comme vous pouvez l'imaginer...
Arrivé dans le monde du travail, je pouvais compter sur des amis fidèles que j'ai toujours eu, mais je ne connaissais personne dans la société dans laquelle j'allais évoluer. De manière de plus en plus progressive dans le temps, et de plus en plus rapprochée, j'ai accepté de rejoindre mes collègues en fin de service pour aller prendre un verre en discothèque. Nous finissions à 4 heures, la "boîte de nuit" fermait à 5 heures, pas de quoi traîner au bout de la nuit ni surconsommer. J'étais fidèle à mon coca-cola pour ne pas citer la marque.
Puis un soir, de manière aussi charmante que gentille, la serveuse m'a offert un gin-tonic "offert par la maison". J'ai plutĂ´t apprĂ©ciĂ© le goĂ»t, et j'en ai commandĂ© un second. J'ai dĂ©couvert la sensation que cela m'avait aidĂ© Ă vaincre ma timiditĂ©, Ă m'ouvrir aux autres, Ă amorcer le dialogue, Ă me lâcher. VoilĂ ma première approche avec l'alcool. Et j'ai rĂ©ussi Ă m’endormir rapidement, moi qui dĂ©couvrait les horaires de journĂ©e, de soirĂ©e et de nuit.
Au fil du temps, je prenais l'apĂ©ritif avec mes amis, chose que je ne faisais que très rarement. Puis j’agrĂ©mentais aussi le repas de vin. Puis j'ai acceptĂ© un digestif. Puis j'ai continuĂ©. Tranquillement, pas systĂ©matiquement, doucement mais inĂ©luctablement.
Est venu ensuite une période de séparation sentimentale que j'ai subie, que j'ai refusée et qui m'était malgré tout imposée (l'alcool n'ayant rien à voir puisque je restais raisonnable). Tout cet amour que je portais à l'autre depuis plusieurs années, tout ce que nous avions pu construire ensemble, tout s'est écroulé d'une manière brutale, soudaine. Je ne pouvais m'en relever tant cela me paraissait être un cauchemar qui allait prendre fin. Et le cauchemar a duré pendant deux années, soit une période de dépression intense. J'ai continué malgré tout à travailler en m'accrochant à ce qu'il me restait.
Dès le début de cette séparation sont apparues les peurs : de rentrer dans une maison vide, de se retrouver seul, du jugement des autres. Les insomnies, les larmes incessantes, les questionnements, le mal-être me dévoraient. Plus efficace que les anti-dépresseurs, ou les somnifères, j'ai découvert cette molécule Ho.
Elle avait ce pouvoir de me détendre, de me faire oublier une situation que je ne voulais pas accepter et de me faire dormir.
Pour en arriver aux mêmes effets bénéfiques, il m'a fallu augmenter les doses, toujours et encore. Au fil des jours, au fil des mois et toujours de manière très insidieuse.
Des maux de tête abominables, des "gueules de bois" au réveil, des vomissements en milieu de nuit, l'augmentation de ma consommation n'a cessé. Elle s'est ensuite un peu ralentie avec une psychothérapie menée après ma séparation mais n'a jamais cessé. Je continuais mon traitement ATD mais éprouvais quotidiennement un besoin de consommer de l'alcool.
Et tout au long de ces années décrites, j'ai sombré dans l'enfer du faux paradis terrestre. A ce jour, toute ma vie tourne autour de l'alcool. Ce fantôme est pourtant bien présent et envahit mon esprit. Sans cesse, je dois me préoccuper des réserves dont je dispose à la maison, continuellement je pense à ce moment où je pourrais tranquillement prendre le premier verre. Mais ce premier verre appelle tous les autres derrière jusqu'à l'ivresse, jusqu'au moment où je n'aurais d'autre choix que de rejoindre mon lit.
On aurait pu appeler cela le besoin impérieux de dormir coûte que coûte, mais ce besoin est de plus en plus présent, de plus en plus tôt dans la journée. Il me faut sans cesse jongler avec mes horaires de travail pour avoir le temps de me "refaire" avant d'aller travailler et de m'assoupir quelques heures. Parfois en arrivant en retard, parfois incapable de m'y rendre tout simplement. Le danger a pointé son nez à maintes reprises et la dernière chose que je voudrais est perdre mon travail. Malgré tout, cette consommation est plus forte que moi.
J'en parle depuis toujours avec mon médecin. Je suis allé voir un alcoologue. J'ai tenté plusieurs molécules dont les noms commerciaux sont : Xanax, Equanil, Révia, Rivotril, Tercian, etc. D'aucun n'ont pu m'aider à faire cesser ces pulsions de boire, cet appel à la bouteille, cette obsession, ces cravings dont on parle ici.
Je me sens découragé car je ne parviens pas à décrocher et à la lecture du livre d'Olivier Ameisen je comprends que le Baclofène peut m'aider et devenir un outil vers la guérison ou du moins l'abstinence ou la consommation raisonnable.
Je suis rendu Ă un point oĂą je passe mes jours de repos Ă m’enivrer, Ă tout remettre au lendemain, Ă ne plus avoir envie de bouger en week-end, de voir mes amis qui m'invitent. A manquer mes rendez-vous, Ă annuler les soirĂ©es de peur de ne pas pouvoir rentrer, ajourner mes engagements politiques ou associatifs. Je suis devenu l'ombre de moi mĂŞme et ma vie dĂ©file immanquablement. Je la regarde dĂ©filer au travers des verres, n'ayant plus aucune prise sur mes pulsions Ă boire, sur ces irrĂ©pressibles envies de consommer de l'alcool. A dĂ©faut d'ĂŞtre peu fier, j'ai honte !
Hormis boire, tout m'est devenu inintéressant ou pénible. Ceux qui ne connaissent pas réellement ma vraie consommation mettent cela sur le compte d'une dépression nerveuse latente ou avérée. Moi qui me connaît un peu davantage (je le crois du moins), je sais que mon manque de confiance et mon dégoût de tout est lié à ma consommation. Comme l'écrit Olivier Ameisen, passé le temps de l'euphorie, arrive celui de la dysphorie.
J'ai parlé à mon médecin du Baclofène, elle connaît vaguement l'effet prêté dans le traitement de l'alcoolisme sauf la lecture du lancement de nouveaux essais cliniques. Elle m'a dit que les résultats escomptés, s'ils étaient vérifiés, nécessitaient de toute façon des doses hors autorisation de mise sur le marché pour le moment. J'ai alors compris malgré ma demande qu'elle n'accèderait à ma demande que d'une manière défavorable en ce qui concerne une prescription hors AMM à haute dose (si nécessaire).
La semaine prochaine, je vais retourner la voir en lui parlant du livre, du forum, de vos expériences et en essayant de la convaincre de me le prescrire dans le cadre de l'AMM. Je suis conscient qu'il ne s'agit pas d'une molécule miracle à prendre à la légère, mais ayant essayé les autres molécules conventionnellement prescrits, c'est un essai que je ne saurais éviter de tenter. Son refus serait pour moi le refus de la dernière chance.
A ceux qui me liront, je les prie d'avance de m'excuser de m'être épanché sur ma situation devenue urgente. Je suis devenu l'ombre de moi-même !
Bonne nuit Ă vous tous qui dormez, moi je viens de rentrer du travail.
Olivier.