Bonjour les zamis, merci pour toutes vos réponses. Je suis donc passé à 120 hier, j'ai plutôt bien supporté, la première prise un peu dure mais c'est surtout que j'avais pas décuité de la veille. je vois le médecin à la fin du mois, il voulait pas augmenter plus donc on va rester comme ça en attendant. Je me suis pris une cuite parce qu'il y a encore beaucoup de choses qui vont pas; je voudrais bien vous raconter comment j'en suis arrivé là , mais je ne sais pas exprimer mes sentiments par écrit alors vous raconter ma vie. Alors Zounette l'a fait à ma place,les mots qui suivent sont d'elle mais ils sortent du fond de cœur, c'est elle qui écrit mais c'est moi qui parle.
" Bien au chaud dans le ventre de ma mère, j’entends crier. Cette grosse voix qui ne fait que râler c’est mon père.
Enchanté Papa, dis moi ça t’arrive de parler doucement ?
Dans le fond j’entends un bébé qui pleure. C’est mon frangin. Voilà , Papa et maman ont fait une connerie, moins d’un an après la naissance de mon frère, je débarque. Pas content Papa. Je suis encore pas sorti mais il le dit déjà , il ne veut pas de moi, deux ça suffit. Oui, j’ai une grande sœur aussi, pas si grande que ça d’ailleurs, elle a 4 ans quand je sors enfin de mon trou. A la maternité tout le monde vient me voir, Papa s’en fou. Parait que j’ai une tête bizarre, bah oui, je suis son portrait craché….
« Fallait avorter j’te dis, tu fais chier avec tes bondieuseries. » Pour ma mère, impossible de faire une chose pareille. J’arrive donc. Effectivement oui, y’a un truc qui cloche, je suis un peu rouge, couvert d’exéma en fait. Problème de naissance. Seul moyen de me soigner, il faudrait faire un truc bizarre avec mon sang, mais l’opération est risquée, très risquée. Papa s’en fou. Maman a peur. Elle aime déjà son fils plus que tout au monde. Elle pense bien naïvement qu’il y aura d’autres solutions plus douces. Et ça va durer une dizaine d’années.
Couvert de croutes purulentes, maman va me trainer de médecins en médecins, je ne connaitrais jamais l’école maternelle, aucune ne m’accepte. Je ne guéri pas, personne ne trouve de solutions. Je passe mes nuits, bandé de la tête aux pieds pour m’empêcher de me gratter, je me frotte sur les barreaux de mon lit. J’ai mal, je cris. Papa s’en fou. On m’évince des photos de famille, je ne suis pas beau à voir. Aucune photo n’existe de moi jusqu’à mes dix ans à peu près, quand enfin je peux commencer un parcours scolaire normal. Ça s’est calmé, je ressemble à quelque chose. Petit rouquin aux taches de rousseurs. Poil de carotte qu’ils m’appellent. Mais moi, ma mère m’aime. Papa s’en fou mais ma mère m’aime. Aussi rusé que lui, je cherche par tout les moyens à me faire remarquer et enchaine les bêtises. Je ne sais pas ce que c’est l’école, à quoi ça sert, c’est qui tous ces gamins là qui courent partout. Moi, je ne connais pas. Je ne m’intègre pas. Je préfère rejoindre Papi et Tonton au café. C’est trop bien j’ai même le droit de boire un coup de leur demi…..
Maman en a marre, elle s’est trouvé un nouveau chéri. Papa et Maman divorcent, je crois que je m’en fou. Le jour où Papa déménage, il me demande : « Tu viens avec moi ou tu restes avec ta mère ? » Papa est fou. Maman pour rien au monde je ne te quitterai. Mais, qui est cet homme qui arrive déjà avec ses valises et qui me cri déjà dessus ?
Enchanté Beau Papa, dis moi, ça t’arrive de parler doucement ?
Et c’est reparti, toujours sur moi que ça retombe. Je fous toujours rien à l’école, je m’évade au café, rejoindre Tonton, jouer à la belote, et boire mes demis….
Je grandi, de plus en plus rebelle, je rencontre une fille, je l’aime. Enfin de l’amour à donner, à recevoir. Je pars à l’armée, je la retrouve dans les bras de mon meilleur ami. Un classique. J’avais déjà quitté la maison familiale, je me retrouve seul à Strasbourg, loin des miens. Je ne noie dans l’alcool, influencé par toutes les mauvaises fréquentations. J’appel Maman en étant dans des états pas possible. Beau Papa ne s’en fou pas. Il vient me chercher et me ramène au bras de ma mère. Maman qu’il fait chaud dans le creux de tes bras. Mais j’étouffe. Beau papa se prend pour Papa mais pour moi papa n’existe pas. Je prends mon sac et mes patins, et j’me casse. Je frôle de mes fesses le trottoir pour la première fois. Il fait froid dehors, et je trouve de la chaleur dans la bouteille avec mes nouveaux copains. Maman se promène et me cherche, elle se cache derrière les poteaux, me surveille. Elle me voit me détruire à petit feu, sale, moche, à nouveau, je ne ressemble à rien. Une fois de plus Maman a peur. Papa s’en fou.
Je reprends la route avec mon sac sur le dos, la bouteille à la main. Passons sur les années ou je rencontre à nouveau l’amour, pas assez solide pour gagner contre l’alcool, je continue ma route, avec ma bouteille.
Premier train qui me tombe sous la main, je débarque à Lyon. Je cherche les zonards de la ville. Je tombe sur une femme un peu tarée mais qui a un appart. Je m’installe chez elle, ce qui me permet de reprendre le boulot. Sans vraiment durer. Un accident du travail, fracture du bassin. 6 mois couché, 6 mois de fauteuil, ma bouteille est toujours là . Ma seule amie. Maman vient me voir à l’hôpital, elle en fait des kilomètres. Papa, lui…..
Je retrouve l’usage de mes jambes, je retourne chez la folle, elle me crie dessus, arrive à me taper dessus, plein le dos, je renfile mon sac, et je me tire. Je dors dehors, je continue de travailler, éviter de m’enliser complètement. Garder la tête hors de l’eau, c’est important.
Un jour, un petit rayon de soleil arrive dans cette jungle urbaine, toute perdue, sans repère, si jeune. Elle ne me lâche pas du regard. Ce n’est pas possible, c’est après moi qu’elle en a ? Je la demande en mariage le jour où nous nous embrassons la première fois. Cette folle, elle me dit Oui ! Sept ans plus tard jour pour jour, nous nous marions. Entre temps, je cherche un appart, je retrouve du boulot, sept ans de vie avec des hauts et des bas. Mais on ne se lâche pas, on se serre les coudes. On s’aime.
Il parait que je dois être fière de moi. Mais je t’entends toujours Papa. Les seuls mots que je me souviens de toi résonnent toujours dans ma cervelle de moineau. Je sais, je suis bon à rien, je ne ferais jamais rien de mes mains. Tu as réussi à m’en convaincre. Bravo Papa.
Aujourd’hui, j’ai décidé de me soigner. Je suis malade Papa. Et tu t’en fou. Moi je m’en fou pas. J’avance doucement vers la guérison, sans toi. Tu ne le sais même pas. Une fois guéri peut-être viendra le courage de t’affronter, toi, mon double.
Je suis heureux, j’ai envie de m’en sortir….mais Papa s’en fou. "
Merci à tous de me donner l'envie de me livrer comme ça, j'ai pas l'habitude. Juste le fait de savoir qu'on m'a lu me fera du bien. Bonne journée les zamis, je vais au kravail.