Bonjour Fraggle,
Pour le mot « guéri » j'ai souscrit une assurance alors je poste.
J'ai à peu près réussi ma vie, famille, métier dont je rêvais enfant en m'endormant et même si je m'ennuie parfois, faut bien dire que j'ai pas raté l'essentiel. Mais la vie m'a offert une pochette surprise vers mes 20 ans. Dedans, il y avait une bouteille. Dans cette bouteille il y avait de quoi voyager sans bouger. Et vous savez qu'ils sont beaux ces voyages. J'en suis toujours revenu plutôt facilement en fin de compte. Depuis que je suis sur le forum (un vendredi 13 – on en reparlera), j'ai posté beaucoup de conneries mais j'ai lu de nombreux témoignages édifiants. Famille perdue, licenciement, internement, expulsion, prison, dépression, suicide. Je ne m'ennuie plus du tout grâce à vous. Jamais.
Surtout qu'en comparaison, je suis un petit joueur en fin de compte. Une bonne étoile (Deneb) vous donne un coup de semonce mais vous protège du pire. Mais faut en avoir une. L'alcool, c'est un peu le contraire. Il donne de petits coups de pouce mais il vous poignarde dans le dos.
Quand je me retourne, après ces 4 mois d'indifférence, y'a pas trop de quoi pleurer. J'ai rien foiré de grave.
Merci Deneb.
Ceux qui me connaissent ici savent que le baclofène et moi on est partis en altitude sans regarder la météo. Et sans Sherpa.
Mais le drapeau est planté. Là , en redescendant doucement, on le voit encore. J'espère qu'il est bien fixé.
Comme souvent, je me suis démerdé tout seul. Personne ne m'a jamais abandonné mais j'ai toujours eu ce besoin de pas faire comme les autres, inconscient mais irrépressible. Un craving de vie sauvage.
Alors « guéri » ce Copy?
1) Baclofène et Terre Promise.
La cow-girl à cheval tue de l'Apache.
« Un alcoolique guéri est un alcoolique mort » (Bertrand C.)
J'ai toujours eu besoin de défier la vie, de conquérir mon territoire, de me trouver des ennemis (Mon nom est Copy car nous sommes plusieurs).
Le Baclofène, c'est le Wounded Knee, l'Hiroshima de mon alcoolisme. Mais ensuite, faut ramasser les restes, décontaminer l'espace gagné. La vie sociale s'allonge, il fait jour plus tôt. L'esprit est clair. On retrouve son cerveau, ça guérit vite cette saloperie. Depuis le début de mon traitement, je n'ai jamais raté une prise. Quelques minutes de retard tout au plus. Et sans alarme. C'est une occupation du temps. Le reste n'est que remplissage. Et quand je pense moi, ça m'excite. J'ai besoin de nicotine.
Le Baclofène m'a fait arrêter la bouteille mais augmenter considérablement mon tabagisme actif.
L'autre victoire de cette année c'est celle contre le tabac. Une belle branlée. En un jour. Mais là non plus je fais pas le malin. C'est grâce à la e-clope. Merci à Bébert et Linoleum pour ce tuyau magique (mais eux fument encore, les blaireaux, et c'est moi qui ai trouvé la solution pour les fuites de l'eGo-C, hé hé ...)
2) Baclofène et vie domestique.
Ranger ses peluches en riant.
« Moi, quand je déprime, je fais le ménage » (Nadine M.)
Bé, ça serait un beau bordel chez moi alors. Mon médecin m'a foutu une sacré trouille quand il m'a dit que le baclofène pouvait entraîner des tentatives de suicide. « Surtout au moindre trouble, vous arrêtez tout et vous venez me voir ». Il comptait beaucoup sur ce risque pour me dissuader de commencer. La prise du premier comprimé fut une cérémonie funèbre. J'ai laissé un mot sur mon ordinateur; puis j'ai détruit tout ce qui pouvait servir de corde (quel autre mode opératoire pourrais-je envisager, hein?).
Bien sûr j'ai eu des ESI. Mais aussi des ESD, beaucoup plus même. Et La seule déprime que je connaisse, c'est celle qui me prend maintenant lorsque je ne dors pas assez. Avant, l'alcool était ma carotte. C'est pour lui que je me levais le matin et pour lui que je restais éveillé le soir. Or, désormais j'ai besoin de mes 6 heures.
La journée, j'ai davantage de temps. L'alcool parti, mon humeur est stable, le plus souvent très bonne. On me trouve changé, plus souriant, plus patient. La famille peut à nouveau compter sur moi à temps plein.
Mais « guéri », non. J'ai encore besoin du forum et du tchat.
3) Baclofène et VO2 Max.
Si c'est une butte, tu la fait?
« Les couilles du cycliste le gênent-elles pour grimper? » (Lance A.)
En descente de baclo il faut monter sur son vélo.
L'alcoolisme est aussi souvent dû au stress. J'ai toujours moins fumé et moins bu en période sportive. Les endomorphines et caetera. J'ai souvent constaté aussi qu'en partant rouler ou courir avec un problème en tête, je rentrais avec une solution.
Je ne conçois pas de pouvoir rester serein sans l'exercice physique. Une autre activité qui complète l'effet du baclofène.
Le stress fait davantage de morts que le tabac ou l'alcool j'en suis certain. Mais le stress craint le sport. Tout autant sinon plus que les médocs.
La guérison? L'état, pas encore mais le processus est bien engagé.
Objectif suivant? Affirmer, sans craindre de me tromper, que je suis guéri. Et donc descendre à zéro Baclo.
On n'est pas arrivé...
Message édité 2 fois, dernière édition par copycontrol, 05 Septembre 2012, 21:50
"Accepter que le passé ne se reproduira plus et que l'avenir ne pourra pas le réparer. Mais que, dans le présent, on peut apprendre à vivre en paix."
(S. Tisseron)
"Le point le plus éloigné de l'alcoolisme n'est pas l'abstinence mais l'indifférence." (Copycontrol)