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Le poch’ du boulot picole le matin, je le sais, je le sens, je le vois dans cette façon d’enfant coupable qui cherche ma compréhension du regard. Je lui ai reparlé ce matin. Je lui ai donné les coordonnées de Viva avec son accord. Il devra le faire. Car c’est son poste qui est en jeux. Je ne veux pas prendre la responsabilité de faire travailler un gars avec des engins qui a quelques verres dans la tronche le matin…
Qu’il essaye.
« Reiz, je savais que tu allais m’en parler… » « J’ai dit à ma femme hier, que c’était fini… » Moi : « Je sais… » … Je te répète que je sais de quoi tu parles. Le Baclo te donnera l’apaisement. Tu ne seras plus obligé… « Ouais mais tu peux me faire confiance, quand c’est niet’, c’est niet ! »… Bah tiens… Pas de bol pour toi. J’en suis ! Je sais… Bol pour toi ! Car tu connais maintenant l’existence du Baclofène… Parce que je sais que tu finiras par ne pas venir un matin. Je sais que tu finiras par foutre la merde. Parce qu’alcoolique c’est ça ! Et non, tu ne l’auras pas voulu. Et oui, pourtant, tu tenais à ton job… Oui, … Je sais !
A suivre…
Je ne serais jamais guéri. Pour la simple et bonne raison que lorsque l’on a une grippe, on se soigne puis on a plus de grippe. Par contre je suis soigné. Le but est atteint. Je suis indifférent à l’alcool. Et je peux boire un ou même quelques verres parfois. Je n’ai plus de craving. Tout cela est bel et bien fini. Je me comporte donc comme un normal. Avec mes moments de doutes et de joies. Peinard…
Déjà ce n’est plus de la haine mais de la colère que j’ai concernant cette maladie qui m’a volé ! Volé des années, des amours, des enfants sans doute, des rêves, des amitiés, des rires, tout. Bientôt ce ne sera plus que rancœur, puis douce tristesse, amertume puis enfin oubli. Eloge de la folie par Erasme.
Ma « guérison » donc, ne ravis pas tout le monde. Qui, le monde, est bien forcé de la constater. Et le monde est ce qu’il est. Je le comprends. J’ai moi-même souvent un mauvais fond. Je n’en veux à personne. Mais voyez vous, lorsqu’adolescent on brille, que jeune adulte on brille encore plus à travers ses conquêtes, ses réussites, etc., il n’est pas forcement désagréable de voir chuter le chat black et cool qui est celui que l’on perçoit. « Bah oui, mais il buvait beaucoup quand même, c’est de sa faute… » Une forme de jalousie toute humaine Et puis durant toutes mes années d’alcoolisme « heureux » je me faisais une joie de leurs dire à quel point je méprisais leurs cuites du samedi, leurs façons de ne pas boire avec les dieux… Qu’ils aient eu une forme de contentement à ma première cure, je ne peux que comprendre...
Aujourd’hui, reprenant mes liens, je brille à nouveau ; le fait d’énerver le peuple à nouveau le confirme. Et, je sens bien que dans le « ça fait plaisir pour toi », il y’a aussi le « Putain…, il était mort le chat, il a combien de vie celui là … ? » … De la même façon que « mal sainement » je suis tout à ma joie de leurs montrer que je vais bien. Pour les faire chier un peu aussi ! Oui. Et je n’ai pas fini de les taquiner… Car je monte en puissance afin de récupérer ce que cette maladie, la notre, m’a volé. Tout ! Je vais tout reprendre ! C’est à moi ! J’avais mis une option sur ce bonheur. En viager ! L’alcoolo est mort ! C’est chez moi maintenant…
Mes amis eux, sont vraiment content. Reiz is back ! ça va swinguer ! Yes tonton … ! Oui, persuadé que je suis black, je parle comme un black… ^^
Les amis que j’ai ici , ceux avec qui j’échange en privé, sont d’un autre tonneau encore. Je n’ai avec eux qu’un passé récent. Mais voilà , ce qui nous rassemble est très fort. Mes plus proches, même en faisant des efforts de compréhension, ne sauront jamais vraiment. La solitude de l’alcoolique, sa haine de lui, des autres. Mes amis d’ici savent. Si je parle d’une pomme, d’un serpent, ils y voient la même pomme et le même serpent que moi. Pas forcement que ceux du jardin d’Eden.
Comme ces gens qui ont vu la mort et qui en ont réchappé, je suis plus fort. La vie est plus belle.
Anecdote : Un jour il y’a 3 ans, un ami chez qui je vivais entre deux échecs, me ramène chez mes parents, puisque je venais de faire une TS chez lui qu’il était 11H et que j’étais ivre mort. Il n’en pouvais plus mon ami fidèle, mon ami !... Lorsque je suis arrivé, je suis tombé dans le jardin avant de repartir en cure.., encore. Mon père qui buvait jusque là (sans être alcoolique puisque la suite…), n’a plus jamais touché un verre. Depuis ce jour… Et l’autre soir, nous avons bu un verre d’Aubance. Ensemble. Beaucoup d’émotions. Cette victoire est aussi la sienne. Cette liberté aussi !
Je vais enfin pouvoir me faire faire un tatouage. Il couve depuis des années en moi. Je m’étais dit que si un jour… Et le jour est arrivé !... Dans le dos. La reproduction du cheval des grottes de Lascau. Tout simplement.
Linoleum m’a convaincu (dont je lis le fil avec plaisir -léchons nous...Mmmmh:)). Je vais me mettre à la e-clope. La santé, oui, l’odeur aussi, les dents, tout le toutim oui. Mais en plus : La classe ! Hou… L’autre has been avec sa vraie clope qui pue…^^ ! Hit !
Encore une satisfaction : L’alcool n’a pas eu le temps d’entamer mon visage. Vous savez, ce teint rubicond, ce pif énorme texture fraise, ce bide anormalement gros même sur les maigres et cette cirrhose jaune et dégueulasse , tellement laide qu’elle se cache en dedans, ne montrant son visage abjecte que sur les yeux malheureux et jaunes des frères et sœurs qui ont péris dans le naufrage …
Bien à vous.
PS: Malhadie: Sepia officinalis et thuya occidentalis.
Indifférent à l'alcool mais pas à un verre de Château Léoville-Barton St.Julien 2003, depuis la mi-juin 2012.