L'heure est venue de me présenter.
Attention, mode pavé activé !
Comme beaucoup d'autres ici, ça me coûte d'exposer mes déboires lamentables, croyez-moi... Mais je suppose que plus on se confie, plus on partage le soutien et les encouragements, donc en avant pour la catharsis !
MOI
Je m'appelle Nico, j'ai bientôt 34 ans et je suis
alcoolo-dépendant depuis 5 ans, au minimum.
Je vis à Strasbourg, et je bosse (parfois) en tant qu'indépendant dans l'informatique (sites web).
Le traitement au
Baclofène est entamé depuis aujourd'hui (30mg par jour, en trois prises).
En tant que polytox de la "vielle école", je consomme (tous les jours, quand je peux) :
- 1/2L (ou plus) de
rhum Negrita
- de 5 Ã 7
joints de shit bas-de-gamme
- quelques clopes (roulées) et ma cigarette électronique (une bonne trouvaille)
La légende dit que quand j'avais 3 ou 4 ans, lors d'une fin de soirée ou mes parents recevaient des amis, j'aurais vidé les fond de verre à schnaps en douce et fait
la nouba dans mon lit toute la nuit.
Ma mère était alcoolique sévère, mon grand-père paternel aussi, et une personne sur deux du coté de ma mère a un penchant pour la bouteille.
Un sain bagage génétique.
En vrac, les rares points positifs :
- J'ai toujours
mon permis ! Il y a quelques années je conduisais après avoir bû (ou fumé), j'ai complètement arrèté avant de faire une vraie connerie.
-
Jamais fini aux urgences, chez les flics ou autres à cause de l'alcool. Là aussi, c'est plus de la chance qu'un signe d'intelligence.
- Je suis toujours celui qui boit le plus dans les fêtes (mais bien moins que tout seul), c'est aussi moi le moins épave (je ne vomis pas etc...
malgré les abus).
- Vu mon attrait pour la défonce, ainsi que diverses expériences (extasy, héroïne, champis...), c'est presque une victoire de
n'être accro "que" a alcool + ganja + tabac.
MA PRISE DE CONSCIENCE INUTILE
Je suis sorti du "pseudo-déni" il y a longtemps, mais je n'ai rien changé depuis. Je pense souffrir d'un déficit de motivation, de volonté, ou je suis juste très con !?
J'avais
dans les 22 ans, je vivais avec ma mère alcoolique dans la masure en ruine familiale (je pèse mes mots, on y a passé 15 ans) :
- Pas de chauffage (en Alsace)
- Plus d'eau depuis des lustres
- Jamais vu de papiers-peints
Mon père s'étant déjà sauvé ailleurs en emmenant ma soeur, je restais seul avec ma mère. En ce temps, j'étais déjà un
étudiant-chômeur-toxico prêt à tout foirer, mais sans le savoir.
J'allais faire nos "courses" toutes les semaines, au hard discount Aldi du coin (en
Citroën Acadiane épave), n'oubliant jamais de ramener
deux "plaquettes" (6x4=24) de bières fortes "Bastion" (une imitation de 8°6), soit 24 litres de binouze (pour deux).
En ce temps là , mon quotidien :
- Réveil vers midi (pas de taf pas de thunes
pas de motivation)
- Se lever à poil (je dors tout nu hihi!) pour chercher une bière (Ã
2m maxi du lit)
- Mettre une cassette (souvent Pink Floyd) dans la hi-fi
- Se recoucher, boire la bière
- Une fois la bière bue (=
ivresse suffisante), rouler et fumer (toujours au lit) le premier joint de la journée (celui qui tape le plus)
- Puis aviser pour le reste de la journée (autre joint, il fait déjà nuit,
se recoucher...)
J'ai pris conscience de mon alcoolo-dépendance le jour où, vers 22 ans, de bon matin et sans avoir rien mangé, une seule bière forte ne m'a plus assez saoulé pour me motiver à rouler mon premier joint.
J'en ai donc bu une deuxième, en sachant que mathématiquement
je sombrais dans la marge.
Je suis un alcoolique "révélé" depuis ce jour (j'en avais conscience), mais
le déni a tout de même duré plus de 10 ans.
MA FAMILLE DE SAUVAGES
J'ai
une copine formidable, mais il y a 4 mois de ça nous nous sommes séparés de facto (elle a pris un autre appartement).
Nous nous marchions trop dessus pour
pouvoir progresser (elle a aussi son combat : alcoolo-deprimo VS intello-angoissée).
Les six premier mois de vie commune, elle me ramenait parfois ma bouteille de rhum en rentrant le soir.
Ça s'est assez vite gâté...
On est toujours "ensemble", on se voit et on s'appelle souvent (elle vit à 500m de chez moi).
Elle reste
la femme de ma vie, la seule qui, a défaut de me comprendre, m'ait vraiment aidé.
Et bien sûr, elle fait de son mieux pour me soutenir dans la baclo-thérapie, c'est d'ailleur en lisant ce forum que j'ai compris ce qu'elle pouvait ressentir en tant que
conjointe d'alcoolo.
Ma mère est décédée dans la foulée, il y a 4 mois de ça (à 62 ans, trop d'alcool, trop de tabac). Je lui ai acheté sa picole (biere + porto) depuis que je suis en age de marcher, jusqu'à la fin (excellent pour l'égo !).
Mon père est distant (on s'est haï pendant longtemps). Il a pleuré à l'enterrement.
Ma petite soeur attend trop de moi (on a longtemps vécu ensemble). Elle m'a déjà "doublé" (elle a une maison, une gamine...). C'est désormais moi
le looser officiel...
En bref, ma famille c'est un peu le chaos (mais je l'aime) ! C'est grave, docteur Freud ?
[Oulala c'est encore plus long que prévu ! La suite au prochain numéro (je vous parlerai de mes toubibs, de mes maladies bizarres et de mon quotidien de marginal)...]
Merci de m'avoir lu, courage à toutes et tous...