Bonjour,
J'ai envie de faire part de mon expérience.
Je commençai le baclofène fin janvier 2009, après en avoir entendu parler sur Atoute où le sujet enflammait les topics, les abstinents étant contre avec plus ou moins de virulence et de foi. Heureusement, e-santé avait réservé un topic, modéré à la hache pour éviter les pollutes d'abstinents, où les expériences pouvaient s'échanger. Je crois d'ailleurs qu'on doit toujours garder à l'esprit la performance de e-santé.
Donc grâce à là -bas, j'avais acquis l'adresse d'une pharmacie en ligne qui gazait bien et le 24 janvier 2009, j'avalais mes premiers 10 mg en deux fois, 5mg le midi et 5 mg le soir. Le 25 janvier au soir, j'étais un peu déçu : j'avais bu tout autant. C'est le matin du 26 janvier que je me réveillais ahuri, car je venais de faire un rêve prégnant, inattendu, presque inespéré.
Il faut dire que j'étais passé par la case psychanalyse 15 ans auparavant, et pendant 7 ans. Or, les rêves y ont beaucoup d'importance, par leur statut de porte ouverte sur l'inconscient. J'avais fait de la psychanalyse, mais sans me prendre la tête, c'est à dire en refusant par principe d'ouvrir le moindre bouquin de Freud. Il ne m'en restait que les souvenirs du lycée, un bagage assez frustre avec comme fil conducteur que l'inconscient existe et qu'il guide nos lapsus, en gros.
Il s'agissait à l'époque de rester vivant car, sans avoir de tendances suicidaires avouées, je m'étais mis à vivre depuis la naissance de mon aîné avec l'idée vague de ne pas lui survivre au-delà de ses 3 ans, comme mon propre papa l'avait fait avec moi. Par imitation en somme. D'ailleurs depuis toujours il me semblait que mourir avant 40 ans représentait un idéal de réussite, sans trop démêler s'il s'agissait d'un romantisme échevelé inspiré par de grands idoles, dont mon papa, où quelque chose de plus ancré, de plus profond, bref d'inconscient.
Car c'est pile-poil en sortant de la maternité au soir de l'accouchement que m'était venue subitement comme un phrase dite par moi à moi, qui m'avait traversée la tête : "il me reste 3 ans pour faire quelque chose dans la vie." Ça m'avait fait frémir. Tout comme ensuite dans les 6 mois, 2 chutes en scooter, tout seul, comme par inadvertance, suffisamment graves pour être réellement inquiétantes.
Or j'avais fait la promesse à mon aîné bébé qu'il aurait un papa vivant qui l'accompagnerait, qui ne l'abandonnerait pas en court de route comme j'en avais souffert, et ce challenge m'avait donc amené chez le psychanalyste.
Je garde un bon souvenir des séances de psychanalyse. J'en ressortais quelquefois totalement apaisé, serein, calme. Sur la durée, j'avais changé et gagné en assurance. J'ai finalement arrêté car j'étais en butte à un blocage : je n'arrivais plus à "y aller."
Vivant donc, mais alcoolique tout de même.
La nuit du 25 au 26 janvier de baclofène, j'ai rêvé à 50 ans pour la première fois de mon papa, et j'ai pu enfin lui demander pourquoi il m'avait abandonné ! Au réveil, j'avais la même sensation que pendant la psychanalyse, enfin du neuf, de la découverte. Les 6 mois qui ont suivis, alors que j'augmentais les doses prudemment jusqu'à 100 mg, furent ceux des rêves : chaque nuit se déroulait une aventure, qui me laissait quelquefois complétement abasourdi au matin. Aller se coucher, c'était s'embarquer vers l'inconnu, toutes sortes de nouveautés et jamais de cauchemar.
Message édité 1 fois, dernière édition par Célestin, 30 Mars 2011, 1:03