en retour suite au post de Fakir, mon ressenti post-séjour. désolé, un peu long et pas forcément très lisible...
Talis salut, trop heureuse pour toi, tu gères la fougère, lâche rien! merci. je vais tjs bien, sans conso, sans envie réelle. mais tjs trop euphorique
J'ai fait qu'un seul séjour de 7 semaines, et bien que ça ne m'ait pas guérie, c'est une expérience à mon avis essentielle dans le processus:
* Dès l'arrivée, on voit les "cas critiques" shootés, ou qui en sont à leur 10ème séjour... ça fait réfléchir, on se dit "je veux pas finir comme ça"
dans ce centre, je n’avais pas de cas « shootés », ce que j’appréhendais également donc, pas eu cette vision à mon arrivée
* On rencontre plein de gens qui ont le même parcours, en frontal, pas derrière un écran. On voit qu'on est vraiment pas seul dans cette galère. Carrément, et de tout milieu social, professionnel
* On se rend compte que l'addiction et la psychologie sont indissociables.
Dépendance amène la dépression ou dépression amène la dépendance
L'alcoolo-dépendance est certes prédominante dans ces structures, mais on y voit aussi des personnes en burn-out professionnels ou familiaux / des accros au sport (et qui en souffrent atrocement) / des fatigués de la vie, tout simplement...ou des accrocs au sexe aussi !
* Tout simplement, ça permet de comprendre qu'une autre vie est possible, et éloigner le produit toxique pendant le temps de la cure, c'est toujours ça de gagné
Et c’était initialement mon but, sans savoir que je ferais tant de chemin aussi vite, mine de rien (qu’est ce que 4 semaines…le plus dur est d’y rentrer et donc d’accepter cet enfermement)
* Dans mon cas encore, les ateliers, forcez-vous à y aller. C'est très irritant au début de rester assis à écouter une psy n'ayant pas connu notre addiction nous faire la morale (cf "communication non-violente") mais une fois sorti vous avez plus de cartes pour interagir avec le monde extérieur sans péter un câble
voilà , c'est dit. Ce sont les échanges aussi entre patients qui m’ont énormément ouvert les yeux et permis de participer de plus en plus aisément aux discussions. cela donne également plus de billes pour aller mieux, tt simplement, anxiété, angoisse, d'où ça vient, comment la contrecarrer etc etc. même si ce sont des rappels pour certains, dans ce milieu fermé, cela prend un autre sens car on a le temps d'y penser
* La salle de sport sur place, c'est juste génial (sauf pour les addicts au sport, bien évidemment). idem pour les médecins/infirmières: la moindre peur sur sa santé est court-circuitée par une consultation, on perd moins de temps en anxiété stérile
J’ai repris goût au sport grâce aux 5 « pov » machines et à la prof. J’avais arrêté depuis +1.5 ans, alors que j’en faisais 2 à 3 fois par semaine intensivement. un vrai défouloir et cela redonne confiance aussi
* C'est hard mais important d'avoir un rythme: on se lève à telle heure, on mange à telle heure, on a un atelier à telle heure, etc. Ça pose un cadre.
Oui, et il « surveille » aussi cela car cela fait parti intégrale de la thérapie. Car en fait, il surveille tout, au-delà des caméras, les échanges, les personnes, les groupes auxquels vous appartenez, avec qui vous êtres proches, votre intégration sociale, etc etc. ils ne font pas qu'eux donner des pilules, enfin aps tous...
A savoir aussi pour ceux et celles qui seraient tentés:
* Il faut malgré tout un "bon mental" là -bas: on tombe forcément sur des personnes douteuses / pas motivées (si vous saviez le nombre de produits qui "passent" en cure...) voire violentes (la police doit parfois intervenir!). Mais en conséquence, on apprend à dire non et à aller vers des personnes positives.
Oui, il existe clairement des clans, des groupes. Les 4 premiers jours sont dures. Mais permettent aussi, justement, de se faire une idée des personnes auxquelles vous allez confrontés ou celles que vous allez apprécier et j’ai eu cette chance, un super bon groupe
* Pour ne pas se retrouver livré à soi-même à la sortie, prendre rdv très rapidement avec les structures/psys à l'avance pour être suivi immédiatement à l'extérieur
Oui, car en général, ce n’est pas proposé et vous vous retrouvez du jour au lendemain « sur le trottoir » pour rentrer chez vous donc, forte vigilance à avoir. j'ai demandé expressément à avoir un suivi en sortie de cure. et cela a pris tt son sens.
* Tenir bon et ne pas se croire guéri au bout de 2 semaines. Croyez-moi, ceux qui sortent trop vite reviennent aussi très vite.
Dans mon centre il n'y avait pas d'activités les 2 premières semaines, je me demande si c'est pas fait exprès pour tester la motivation des patients... nous, c’était les week ends. Et ça paraissait peut être long, sauf qu’en groupe tout passe. Je me répète mais je n’ai pas passé une seule soirée seule dans ma chambre ou plus d’une heure les jours de week ends.
Ceux qui sont sortis rapidement et trop vite sont revenus ou n’étaient pas là de leur plein gré. Et ce sont parfois, les fortes têtes qui donnent des leçons à tout le monde et ne sont pas malades…(tiens mon c….) ou les personnes qui ne sont pas prêtes
* Dans ma cure, une infirmière rentrait dans ma chambre toutes les 6h. Donc quasi impossible de faire la sieste ou une nuit complète, ce qui est frustrant puisqu'on est là pour se reposer aussi. Mais c'est pour "éviter les suicides" (lol). Nous 4 fois par nuit….
* Ne pas se tester lors des sorties autorisées: perso j'ai bu un demi au resto en milieu de séjour, et je crois que ça a favorisé ma rechute.
Ne pas se tester est primordial, donc, bien « programmer » sa journée et éviter les choses tendancieuses. Et aussi, parce que risque de contrôle en revenant en clinique le soir et aussi, parce que cela n’en vaut pas la peine
Bref, faut fayotter, poser des questions, faire le bon élève (dédicace à Théo!). Savoir d'où on vient, pour quoi on est là , et bosser, être assidu, râler, s'imposer même. Je parle en tant qu'introvertie. En profiter pour voir une assistance sociale, par exemple. Faire des activités qu'on n'aime pas à la base (genre sophrologie ou pétanque. Ouais je sais ça paraît con, mais ça passe par des choses cons la guérison, je crois)
ah effectivement pas con du tout, j’ai fait pareil c’est même vital !réclamer, quémander. Une heure de sport le dimanche, s’incruster en sophro, la psy 3 fois apr semaine et pas 2, redemander de la baignoire sèche, par exemple
Conclusion: la cure, c'est pas une sinécure! C'est un mix de colonie de vacances, de ClubMed, de prison, et d'hopital... Mais ça vaut la peine dans tous les cas.
super conclusion. faut être prêt(e) à franchir la porte, accepter de se livrer (ne plus se juger. nous sommes malades) et « profiter » au maximum de ce qu’il est possible en terme d’accompagnement, de soins ou d’activités.
début 26/04/17 - actuellement 140 "bien placés" décision de non consommé depuis le 15/02