Ma relation à l'autre a toujours été toxique. Mon goût de l'ivresse s'est d'abord appliqué là . "L'autre, ou la tentation" (référence appuyée à Jérôme Bosch).
Alors, l'autre, c'est un travail que je dois faire. Je n'ai pas (encore) la réponse.
Les Zamours
C'est ainsi qu'à 20 ans, bourrée d'energie et du goût de la Liberté, je suis partie fleur au fusil commencer ma vie de femme: les hommes n'avaient qu'à bien se tenir, je recherchais un prince charmant très précis, avec lequel construire ma vie et avoir la famille parfaite. Ca n'allait pas traîner, pas de problème.
J'adorais ce truc ultime, qui met des papillons partout, tête-coeur-ventre chamboulés, cette urgence qui me prenait, me poussait, me bousculait quand j'étais amoureuse. Ce craving.
Les relations étaient passionnelles, fusionnelles et confusionnelles.
Comme en plus j'étais gênée par le dégoût de l'homme (abus dans l'enfance), et n'osait pas me laisser aller à pratiquer l'acte sexuel, beaucoup de joints. Un autre type d'ivresse, pas mal du tout, ça.
De bobordels en déjeuners d'été, tsunamis, hécatombes, extases...
J'ai fait du mal à tellement de monde.
Et puis l'alcool s'est immiscé, à sa manière sournoise, et a remplacé le THC. Et est rapidement devenu le winner. Les deux ivresses mélangées étaient explosives. La violence s'est installée dans ma vie, j'étais violente moi-même, cela partait au quart de tour. Impossible de faire un couple, aucun de tous les prétendants n'était le "bon", alors pourquoi perdre du temps.
Je ne m'étalerai pas sur le sordide, il y en a eu, et beaucoup.
Le mec qui m'accueillait systématiquement au Planteur, qui faisait son affaire en m'imposant des positions humiliantes, et me jetait dehors sans me laisser le temps de me laver à la nuit, pour prendre le dernier métro.
Le sympathique garçon rencontré dans un troquet, qui m'a offert tournées sur tournées, je ne m'explique la nuit de cauchemar que j'ai vécue que par du Rohynol jeté subrepticement dans mes verres. Enfermée à clé. Obligée de regarder des images zoophiles. Brutalisée. Violée avec et sans objets atroces. Là aussi jetée dehors, mais cette fois pour le premier métro.
Le type avec lequel je me suis battue, qui a cogné tellement fort, qui m'a mordu et arraché un morceau de ventre (je vous jure).
Le toxico qui m'a démonté la gueule pour prouver à sa femme qu'il l'aimait. Nuit à l'hôpital, certificat, pas osé porter plainte.
Et d'autres, tellement d'autres, tout honte bue, humiliation, cauchemars.
Mais vous connaissez cela.
Cela n'étonnera personne que j'ai décidé à 49 ans que j'en avais assez de tout ce cirque. Car même s'il y avait de l'amour, toute histoire était tragique, condamnée d'avance. J'ai donc tout laissé tomber de jour au lendemain.
Et j'ai pris commodément 30 kilos, histoire de ne plus attirer les regards.
Je suis abstinente de l'amour parce que je ne sais pas faire autrement.