Mon expérience AA
En janvier 2004, je n'étais plus capable d'alterner les périodes d'abstinence avec celles des consommations, je me suis avouée alcoolique, j'ai cherché sur internet Alcooliques anonymes, c'est la première idée qui m'est venue
J'ai fait 11 jours d'abstinence, seule, début février puis je suis allée à ma première réunion
J'ai pleuré pendant deux heures en entendant les témoignages car je me suis non seulement reconnue, mais j'avais enfin trouvé ma place dans mon monde d'isolement
J'ai fréquenté mon groupe pendant deux ans, participé aux autres réunions d'anniversaire, les congrès, j'allais au resto ou au café et dansais avec mes nouveaux AAmis
Dès la première réunion, à l'aide d'un petit livre pour m'accompagner pendant les premiers jours, je me suis sentie libérée, je n'ai plus rebu une goutte
Et ça a été facile, je n'ai jamais remis en cause l'abstinence, nous étions en 2004, le baclo n'était pas encore connu, il n'y avait pas de demi-mesure
Et mon abstinence a duré 9 ans, même sans aller en réunion
J'ai trouvé qu'il y avait de l'auto-dérision, de l'humour, des drames aussi, mais ça fonctionnait pour beaucoup
Durant les congrés, c'étaient des personnes qui avaient 20 ou 40 ans d'abstinence derrière eux, et ils n'étaient pas tristes, au contraire, j'ai vécu des moments d'intenses émotions, des amitiés très fortes, des outils pour aider
Et surtout, cette méthode que chacun fasse son témoignage, sans être interrompu ni jugé, pas de réponse, pas de dialogue
Après la réunion on se retrouvait au café d'à côté et là on avait du dialogue
La personne un peu plus animatrice du groupe est athée, elle le dit dès le début de la réunion, que le côté qui semble religieux est un héritage des AA des Etats-Unis, mais que les mots sont transposables
Et ça aide beaucoup, non ce n'est pas une secte ni une religion
Si je devais aller retrouver un groupe par ici, je n'aurais même pas idée de parler du baclo, ce qui m'a fait du bien en ayant mon groupe, c'est de pouvoir m'exprimer, de pouvoir écouter les autres, de prendre les choses dont j'avais besoin au moment où ça se présentait
Je pense que ce n'est pas incompatible, il est vrai qu'ils ne veulent pas se remettre en question avec la nouvelle variable qu'est le baclo, d'autres groupes de paroles sont un peu plus flexibles, mais leur but est surtout d'avoir un endroit où déposer ses fardeaux, ne pas être jugés, d'avoir plein d'outils, avant de boire pouvoir appeler un aami, par exemple
En lisant les expériences sur le forum, je suis vraiment désolée que peu aient trouvé leur compte, mon expérience est sans doute différente du fait de les avoir connus avant le baclo
Comme on dit le baclo ne fait pas tout, pour certains il fonctionne mécaniquement, d'autres ont besoin d'une thérapie à côté, et les groupes de paroles sont là aussi, pour ce qu'ils sont
J'ai rechuté après 9 ans d'abstinence, la difficulté avec le baclo a été d'admettre de reposer le verre, de nouveau, comme si je voulais rattraper toutes ces années
Sur le moment, j'ai vécu ces 9 années normalement, c'était une seconde nature pour moi que de ne pas toucher à l'alcool, y compris les Mon Chéri
Les circonstances de la vie, la chimie des médicaments que j'ai dû prendre ont cassé cette abstinence, je rechute depuis 5 ans maintenant
Mais je n'ai aucun regret des 9 années à ne pas boire, certes, ce n'était plus les soirées festives à danser et autre, toute la nuit, ça a été bien plus tranquille
Mais ma rechute ne m'a pas apporté beaucoup plus, de rares exceptions, une petite aide pour être plus communicative, plus sociable, mais à quel prix
Rechute depuis 2013, début du baclo, dose maximum atteinte 330 mg, dose de déclenchement 290 mg, de longs paliers à 190 mg, puis 120, bref, aujourd'hui à 50 mg, dose de confort depuis plus d'un an, plus d'excès d'alcool, 0 consommation en solo, quelques verres en famille une fois par an, sur deux ou trois jours, et encore... objectif atteint, en 7 ans... alors patience ;-)