Reprise du dernier message
REBELLION
Je hais ces breuvages ensoleillés,
sang-de-boeuf, pelure d'oignon ou mordorés;
Ces ambres veloutés trop subtils au palais,
Ces nectars vénéneux à crever gueule ouverte;
Je hais ces violines rocailleux qui râpent bon la langue
Et s'accrochent si fort qu'on en réclame encor;
Ces bruns couleur de tuile, ces cristaux limpides
Qui coulent si léger au fond du gosier
Et, en douceur, vous emmènent à l'extase.
Je hais ces robes chaudes, terre et roc mêlés,
Aguichant la rétine avant que leur langueur,
Braise et miel à la fois, ne coule dans les veines.
Ces bouquets épineux, déchirant la narine,
Dont les fumées suaves embrument le cerveau;
Oui, je hais ces lendemains
De culots entassés, de verroteries mortes,
comme autant de cadavres arrachés à la vie,
Ces vertiges d'agapes faussement fraternelles,
Ersatz d'un bonheur qui ne tient qu'Ã un fil,
ET plus que tout,
Je hais cette vigueur factice issue de la faiblesse
Ces attendrissements, fruits d'un cœur hébété,
Ces sommeils lourds d'oubli à l'haleine piquante
Et ces lendemains tristes qui collent aux semelles
Et rendent la monnaie à faire pleurer le ciel;
Cette panse qui enfle, ces paupières qui gonflent,
Et ce corps effondré qui ne se bat plus...
Tout ce monde invisible qui, sournois,
Se construit chaque joue et s'installe sans bruit,
Séparant ceux qui s'aiment, ligotant le plus faible,
Inexorablement
Alcool, je hais ton nom.
Pour A-L
Message édité 1 fois, dernière édition par Teddy, 21 Avril 2013, 12:18
La liberté ne se donne pas, on la prend.