Bonjour Cécile,
Moi aussi, je t'ai lue sur cet autre fil.
Au-delà de cette question d'indifférence, que tout le monde semble attendre comme une illumination, instant figé où la grande clarté écarterait les nuages
pour t'aveugler (...), tu dois penser au concret et au réel de ta vie et de ses bouleversements.
L'illumination, c'est probablement la lucidité, réaliser que tu es dans un autre état, de façon évidente.
C'est aussi accepter ce que nous pensions impossible avant d'entendre parler du Baclo, de reprendre espoir, et même alors, cela apparaissait encore comme miraculeux.
Accepter qu'on a définitivement basculé dans notre rapport à l'alcool, en somme.
Si l'introspection ne se suffit pas à elle-même pour accepter le changement, on peut aussi se tourner vers le regard des autres.
Toi, par exemple, tu as clairement expliqué dans un de tes derniers posts que ta famille te trouvait métamorphosée (en bien ou en mal héhé, mais je peux te dire que vu d'ici, c'est en bien).
Ce n'est pas une vue de l'esprit. Tu ne te mens pas à toi-même quand tu penses être au bout du chemin, pour ce qui concerne la montée.
Nous sommes aussi ce que nous renvoie le regard des autres, quelque soit notre complexité ou notre multiplicité, notre personnalité, et notre indépendance d'esprit.
La lucidité, c'est de réaliser une bonne fois pour toutes que OUI, ça a marché.
Non pas que la route est terminée, parce qu'il faut apprivoiser le traitement, la descente éventuelle, et les multiples questionnements nouveaux liés à ce nouvel état,
mais tu vois, tu es déjà dans ces questionnements.
Tu cherches ce que tu appelles indifférence, et nous essayons de te donner la clé de sa réalisation complète.
C'est la part de l'esprit, qui doit accompagner la part de la molécule.
Comme toi j'ai ressenti assez vite les effets du Baclo sur ma consommation, et à 70 ou 80 c'était déjà énorme. Nous ne sommes pas montés de la même façon, j'y suis monté plus vite,
et ensuite je suis monté très vite à 140 pour enterrer l'affaire, mais j'aurais peut-être pu m'arrêter avant, je ne veux même pas le savoir.
Quand nous avons la chance de ne pas avoir à dépasser ces doses-là ...
Monte encore un peu, tranquillement ou vite comme tu le souhaites, mais non, ne te formalises pas pour ces quelques verres de trop dont tu parles.
Il faut garder en tête que c'est la liberté de boire ou de ne pas boire qu'on doit atteindre, quand on ne recherche pas l'abstinence.
Et que cette liberté là n'est pleine que si la peur disparaît.
Pour ma part, je suis très heureux de pouvoir boire quelques verres avec mes potes quand je sors avec eux, c'est le nirvana.
Et ce qui est génial, c'est que eux non plus n'ont plus peur de sortir avec moi ;-). Parce qu'à certains moments de mes cuites passées, tout comme Reiz, attention les dégâts !!!
Peut-être que pour des gens comme nous, qui étions un peu extrêmes, c'est plus facile de voir la métamorphose, vas savoir.
Quand tu n'auras plus la trouille, tu seras arrivée.
En sachant que comme beaucoup, moi aussi je me considère soigné et pas guéri, sous traitement, avec peu de recul sur celui ci donc dans l'expectative pour l'avenir,
que je me méfie et que je ne tolèrerai pas de repartir d'où je viens, mais que je n'ai plus peur du tout depuis quelques semaines :
Il y a le Baclo, et même le forum, nous autres ensemble les malades soignés ou en train de le faire.
De toute façon, rien ne sera jamais plus comme avant.
Bises
" Nous n’avons qu’une liberté : la liberté de nous battre pour conquérir la liberté... " Henri Jeanson