Je reviens sur l'article cité dans la revue de presse car je l'ai parcouru sans le décortiquer de façon approfondie.
Il s'agit d'un travail épidémiologique dont la méthodologie me semble robuste et qui démontre le rôle important de l'alcoolisme dans l'hospitalisation en court, moyen séjour et en psychiatrie.
Dans la discussion, les auteurs plaident pour un repérage plus systématique des patients dans les services d'urgence en particulier, un entretien avec du personnel sensibilisé voir avec une équipe d'addictologie de liaison. A aucun endroit et j'ai bien vérifié, les auteurs ne parlent de prise en charge médicamenteuse ou non. de selincro ou de baclofène. Sans vouloir les défendre, il s'agit d'un papier d'épidémiologie et non de prise en charge de l'alcoolisme chronique.
Cependant, travaillant dans un service d'urgence et étant au combien sensibilisé à la problématique de l'alcool, je suis plus que dubitatif sur le rôle de l'addictologie de liaison. En effet, dans mon service, ils ne sont disponibles que le matin du lundi au vendredi et ne voient donc qu'une minorité des patients concernés. Quand je regarde leurs feuilles d'évaluation, il est bien rare que cela débouche sur quelque chose...Mais je ne leur jette pas la pierre sue ce point car parmi les patients identifiés :
- une grande majorité n'est pas sortie du déni et les entretiens ne servent pas à grand chose
- d'autres en sont sortis mais considèrent que l'alcool est trop importante pour qu'ils s'en privent.
Par contre, là où je ne suis pas du tout d'accord avec eux, enfin ceux de mon hôpital, c'est qu'ils ne proposent pas de baclofène alors que nous savons bien qu'il s'agit du seul traitement efficace. De plus, il permet de continuer à boire un peu, ce qui est très rassurant pour les patients. Non, ils leur propose un entretien dans un délai d'un mois, sans prescription médicamenteuse, le baclofène arrivant éventuellement en seconde ligne après échec des premières mesures.
Alors, quand j'identifie un patient sorti du déni, motivé pour arrêter de boire, je ne le présente pas au addictologues, je lui prescrit du baclofène et lui demande de prendre contact avec son médecin traitant pour la suite.
Ci-joint le lien vers l'article :
BEH