Ce soir, je suis dans un état tel qu'il m'est difficile de rassembler mes idées pour poser ça ici.
Il faut pourtant bien que j'explique.
Et cela risque d'être bien long (
à la façon RoseD, dont on dit souvent qu'elle écrit bien, celle-là. Pourtant elle m'agace bien aussi à ne pas avoir d'autres façons de dire. J'aimerais parfois avoir les mots plus simples, moins longs...
)
Oh une vie pas trop sécurisée, pas trop sécurisante ces temps-ci. Un passé qui s'étire lui aussi, mais un présent à vivre sans déprime et sans trop d'anxiété.
Un avenir qui s'attend.
Oh la solitude bien sûr, car la guérison ne guérit pas des autres, mais les solutions sont mises en place pour m'assumer en face à face de moi-même.
A me débacler un peu plus au fil des semaines, à en être à 200 désormais, je ne suis plus shootée. Je ne bois plus. Je n'en ai plus bien envie sauf à dire qu'à baisser, à n'être plus dégoûtée de l'alcool, j'entrevois ce qui me conduisit autrefois à la bouteille, sans y succomber toutefois. Le verre à décompresser, à chercher un brin d'ivresse ne m'effraie pas tant que ça.
Le baclo continue à bien faire son boulot.
Tout n'irait pas si mal en somme si en lourd tribut de cette vie en demi-teinte, je ne payais pas le souvenir d'un corps vivant dont j'ai comme l'impression qu'il ne reviendra plus.
Un corps juste atone à se trouver bloqué.
A perdre le stimuli de l'alcool, mon corps en a perdu le reste.
L'engourdissement des sens, l'atonie des organes.
Difficile de le dire sinon qu'à expliquer crûment : je n'ai plus envie de boire, mais mon corps n'arrive plus à assumer aucune envie. Il ne suit plus. Je ne sais plus chier ni même presque jouir, à avoir les pieds, les mains et le reste souvent très engourdis.
Ces intestins au repos, la pire des inerties présentement et la pire des douleurs, des torsions, des brûlures qui me parcourent de l'estomac au rectum.
Et ces 10 kilos de perdus en quelques mois, trop de kilos, qui ne trouvent d'explication nulle part, dans aucune analyse sanguine.
On parle souvent ici de gel des émotions.
Moi, je garde en partage ce gel physique.
Un corps qui ne réagit plus ou qui réagit de trop aux bouleversements récents.
Une souffrance à vivre, à me vivre comme morte.
Une pudeur à dire aussi.
Longtemps j'ai hésité à venir poster ça.
Pourtant il me faut bien le dire, puisque tout est gâché de ce handicap, de cet EI que je traîne.
L'urgence à guérir de ces intestins morts, car à trouver la solution qui débloquera mes entrailles, le reste suivra bien.
Les médecins n'ont plus rien à me proposer désormais, chaque spécialiste prenant les choses par le bout de la lorgnette.
Les médecines alternatives, quant à elles, homéopathie, ostéopathie, auriculothérapie, ne font que soulager temporairement les douleurs.
Et qu'on ne me parle pas de la composante psy. Si elle peut aggraver les choses, elle ne peut à elle seule expliquer un tel niveau de blocage.
Il y a un bien un blocage chimique quelque part, à bloquer ainsi le physique. Je le sens à cette barre que je trimbale sur le front.
Je me tourne désormais vers une autre médecine, la médecine chinoise. Mon cousin, qui la pratique dans son institut, m'a proposé un traitement et un diagnostic globalisant, pour commencer : le baclo aurait verrouillé le foie, dont une des fonctions est de faire circuler l'énergie dans tout le corps, soit une stagnation d'énergie hépatique, une stagnation du QI du foie.
Diagnostic globalisant car explicatif de l'atonie générale.
Le traitement à base de plantes, Mu Xiang Shun Qi Wan, vise à rétablir l'équilibre digestif en harmonisant le foie.
Ce même foie est aussi le siège des émotions de peur, de doutes, de frustration et de colère, celles-là même qui m'ont conduit à la bouteille et à la dépendance.
Ce traitement est un bon début, à refaire circuler cette énergie défaillante autrefois, verrouillée aujourd'hui par le baclo, mais à apprendre le lâcher prise, on apprend aussi à gérer la dépendance et à combler le manque, pour petit à petit reprendre le contrôle, à gérer ses consommations déviantes, à gérer aussi peu à peu la descente du baclo.
C'est un tableau explicatif et curatif qui me convient bien.
Mais voilà, depuis 5 jours que j'ai commencé ce traitement, j'ai la tête prise dans un étau et des maux de tête et de nuque terribles, une insomnie bien présente aussi, une fatigue à n'être plus tout à fait consciente de la réalité.
C'est assez insoutenable.
Ces mêmes EI, je les ai connus à prendre du Résolor par le passé, le seul médicament qui me rendait une fonction intestinale normale.
Ces deux traitements à me soigner ne passent pas. Aucun de ces effets-là n'ont été rapportés dans les ES les concernant.
Il n'y a pas de hasard. Il y a une incompatibilité évidente à les prendre avec le baclo.
Et je ne sais pas pourquoi. Le baclo les rejette, à me laisser bloquée avec mon handicap.
Le baclo m'a mise dans cet abyme et ne veut pas m'en laisser sortir.
Je vais revenir vers mon cousin, car d'autres voies sont sans doute possibles, ne serait-ce que cette fameuse moxibustion dont une des indications est bien l'atonie intestinale.
Je peux encore baisser le baclo, et c'est ce que je vais faire, en toute logique des choses, mais je ne suis pas sûre qu'à baisser, les intestins et le reste se rétablissent comme ça.
Je reste bien attentive à ne pas retomber, à savoir bien différencier une envie passagère d'ivresse et un vrai craving, à continuer à me faire confiance, à continuer à vous faire confiance à bien me surveiller, car non, je n'ai pas fait tout ça pour rien, mais il me faut baisser encore et encore pour retrouver une autonomie à vivre bien. C'est finalement ce que tout le monde fait.
Je ne crois pas à un dommage, juste à un blocage. Il me faudrait peut-être consulter précisément un neurologue maintenant, qui connaisse un peu le baclo. J'irai demander à RDB, à moins que Sylvie, Yves, Jack aient un nom à me communiquer.
Tout cela peut paraître, à le lire, assez déconcertant, et j'ai bien conscience de n'être peut-être qu'un cas isolé à cumuler toutes ces paralysies, mais à force de temps, d'expérience et de ressenti, je ne crois pas me tromper.
Le baclo m'a sauvée, et je lui dois beaucoup,et pas juste l'abandon de la bouteille, mais aussi, au fil du temps de la guérison, la clairvoyance de ce que je suis en devenir.
Mais il est un gardien bien cruel, à me garder maintenant en prison.
Tout de suite, à me tordre le ventre, à me tenir la tête pour ne pas qu'elle éclate, à ne plus sentir grand-chose à part ces douleurs-ci, je n'ai que ces mots-là.
A arrêter mon traitement demain, je retrouverai un peu d'apaisement au niveau de la tête, mais rien ne sera revenu.
Je suis juste épuisée à devoir continuer à lutter encore pour trouver mon bien-être, alors même que je suis guérie.
Je vous suis et ai quelques MP en retard
Je vous tiens au courant du cours des choses, à n'aller forcément que vers du mieux, car malgré tout, l'espoir reste vivant.
Mais dire juste, en toute simplicité, ma lassitude de cette année et demi qui s'étire, qui s'étire, et de cette Rose Dawson qui n'en finit pas de se noyer.
J'aimerais, un jour, voir la fin du naufrage, et m'en aller moins masquée sur mon fil, à signer mes posts à la pointe de l'épée d'un S qui voudra dire Sortie d'affaire.
Une bise de nuit à vous tous
